Mon accouchement a été vraiment différent de ce que j’avais imaginé. De la méthode de déclenchement jusqu’à la césarienne d’urgence – une procédure médicale que je n’avais même pas envisagée alors, beaucoup de choses m’ont étonnée. Et pourtant, je m’étais préparée.
Il faut dire que l’accouchement a toujours été très mystérieux pour moi. L’acte de donner la vie, d’enfin faire connaissance avec ce petit être qu’on a fait grandir en soi pendant de longs mois… tout était enveloppé d’un secret accessible aux initiées seulement : les contractions, la poussée, les fluides, les émotions, le postpartum. Je me suis longtemps demandé ce que ça faisait de vivre ça, surtout ne sachant pas si un jour je le vivrais moi-même.
Mon tour est arrivé pour la première fois il y a quelques semaines. J’ai accouché et ça ne s’est pas du tout passé comme je l’avais prévu. Voici ce qui m’est arrivé.
1. Être branchée de partout
Comme je n’ai pas pu avoir un déclenchement naturel, j’ai subi une provocation à 41 semaines + 1 jour. Pendant des semaines je m’étais attendue à avoir des contractions ou à perdre les eaux spontanément. J’étais prête à aller à l’hôpital en rush même! Par contre, je ne m’étais pas du tout renseignée sur ce que c’était de vivre un déclenchement médical. J’ai été donc très étonnée d’être branchée à une machine tout le long, ainsi qu’à l’intraveineuse pour le pitocin. Et encore, comme j’étais déjà dilatée, je n’ai pas eu besoin d’autres interventions qui s’imposent parfois. J’ai vraiment peu apprécié cet aspect, même si les machines ne m’ont pas trop gênée pour gérer ma douleur pendant le travail.
2. La poche des eaux rompues
Un médecin est venu rompre la poche des eaux peu après le déclenchement. Je ne m’attendais pas… à un tel déluge! Cette partie m’a été vraiment désagréable pour une raison que j’ignore. Même si mon intimité à été exposée à tout un défilé de personnel durant cette aventure, cette étape où le médecin a crevé mes eaux m’a semblé la plus “intrusive”, sans doute à cause du contrôle que je n’avais pas sur ce liquide chaud et abondant qui a coulé pendant quelques heures entre mes cuisses, tandis que les infirmières et préposées plaçaient des alèses et des couches sous mes fesses. Recommandation 1/10.
3. La sensation des contractions
Je pensais que les vraies contractions du travail seraient ressenties au niveau de l’abdomen, comme des méga crampes menstruelles. Mais c’est plutôt dans mon dos, dans mes reins, que je les ressentais. Aussi, comment elles allaient et venaient par vagues de plus en plus intenses. J’ai pu endurer des grosses contractions toutes les deux minutes durant 3 heures, et je me suis demandée comment celles qui avaient un travail extrêmement long et naturel pouvaient survivre à cela.
4. La péridurale: un vrai bonheur
Je m’étais dit que j’essaierais de faire un travail sans péridurale le plus longtemps possible et c’est ce que j’ai fait. Je n’avais rien contre la péridurale vraiment, à part que j’avais un peu peur des séquelles possibles (j’ai entendu certaines femmes dire que cela leur donnait des maux de dos par la suite). Mais je n’ai pas du tout regretté de l’avoir demandée : c’était magique! J’ai pu me coucher tranquillement et me reposer pendant que les contractions devenaient plus intenses. De plus, c’était une péridurale partielle, donc je pouvais sentir mes jambes et avoir une certaine mobilité. Sinon, j’avais aussi un bolus, un petit bouton qui me permettait de me donner une shot de plus si jamais le soulagement diminuait. Seule ombre au tableau : interdiction de manger jusqu’au post-partum!
5. Comment tout peut mal virer, très vite
Trois heures après avoir pris la péridurale, l’équipe médicale a débarqué en rush dans ma chambre en me criant des ordres. Je ne pouvais pas le savoir, mais eux qui monitoraient tout avaient vu que le coeur du bébé a brusquement décéléré. Il fallait donc tout faire pour que son rythme cardiaque remonte, sinon c’était la césarienne d’urgence. Cette première intervention a été tellement rapide que je n’ai même pas eu le temps d’avoir peur. Je suis restée calme et j’ai suivi les instructions des médecins, et tout est rentré dans l’ordre.
6. La césarienne d’urgence
Malheureusement pour moi et bébé, quelques heures après la première crise, j’ai dû quand même subir une césarienne d’urgence. Le rythme cardiaque de bébé T n’était pas stable et mon travail n’avait aucunement progressé en 12h de contractions. On m’a donc roulée en salle d’opération où j’ai subi la chirurgie. Je me suis retrouvée dans une grande salle à contempler les grandes lumières blafardes du plafond, tandis que j’étais saisie de spasmes incontrôlables et que le personnel me disait ce qui allait se passer. Je ne sentais rien dans le bas du corps (heureusement), et mes mains étaient super engourdies. Je crois que tout s’est passé très vite même si ça m’a paru une éternité. Enfin j’ai entendu les pleurs de mon bébé – le plus beau son que j’ai jamais entendu de ma vie.
7. Être dans les vapes pendant les premières heures de vie du bébé
Même si j’ai été assez consciente durant mon opération, c’est surtout après que ça se complique. Je n’ai aucune idée de comment je suis passée de la salle de réveil à la chambre post-partum. J’étais super fatiguée, sous médication, bref gelée ben raide! J’ai pu regarder les photos que mon mari a prise de moi en train de donner le sein et tenir bébé pour la première fois. Mais mon cerveau a complètement oublié tout cela. Ça m’a rendu très triste dans un premier temps, je vous l’avoue.
8. Toucher mon ventre mou et ne plus sentir bébé
Je ne sais pas si c’est un effet de la césarienne, mais ne pas avoir senti ni vu le bébé sortir, et encore moins pu me souvenir des premières heures avec lui, mais j’ai eu un genre de “disconnect” entre voir mon ventre mou et voir le bébé à côté. Durant 2-3 jours, je touchais mon ventre où bébé T était si bien au chaud et je comprenais mal (irrationnellement) pourquoi il n’était plus là. Je ne m’attendais pas à vivre ce sentiment!
9. La gentillesse du personnel
Avant d’accoucher j’avais entendu parler des violences obstétricales et médicales. Sachant qu’aux États-Unis, les femmes noires telles que moi sont assez touchées par cela et survivent moins aux accouchement, ça m’a quand même travaillé. J’avais même briefé mon mari à ce sujet. Je m’attendais peut-être pas à subir une grosse violence vu que Montréal c’est quand même différent des States, mais je m’étais préparée à peut-être affronter des travailleurs froids et avoir un service impersonnel et empreint d’indifférence. Au contraire, tout le personnel à qui j’ai eu affaire a été super, plein d’empathie et de douceur, ce qui m’a quand même réconcilié avec tout ce côté médical que je n’avais pas du tout envisagé il y a 10 mois.
1 commentaire
Bonsoir Esther,
Je suis une de tes abonnés,résident en Finlande. Je trouve tes vidéos formidable et très intéressante merci pour ça!!!!
Moi aussi je viens d’avoir un bébé au mois de septembre, actuellement la petite a 7semaines. J’ai eu le même parcours,😁 a la seule différence, que ma poche des eaux n’a pas été percé. On écoutant ton récit c’est comme-ci tu étais la pendant ce moment. Pile poil, le déclenchement, le col qui s’est dilaté pour moi qu’à 2,5cm , mon programme d’accompagnement naturelle qui fini par une C-section, je perds un peu la tête juste avant l’intervention.
Malheureusement, mon lait a coulé pas plus de 20ml par sein et depuis plus rien. Je souhaite tellement allaiter mais c’est comme-ci bébé ne veut plus de mon sein a cause du biberon qui est plus facile. Je n’ai pas de compte Instagram.
Peut-tu m’expliquer ?
Félicitations a la nouvelle maman ainsi qu’au nouveau papa. Toutes les bonnes a vous dans cette merveilleuse aventure de la paternité,🥰
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