En janvier 2021, mon conjoint et moi nous nous sommes mis en quête d’acheter notre première maison. après la naissance de notre enfant, des mois en télétravail et en confinement, notre 4 1/2 situé au 3e étage d’un immeuble d’un boulevard montréalais nous semblait rapetisser. Le loyer y était exceptionnellement avantageux (moins de 800$!), mais il avait ses défauts. Nous voyions arriver le moment où nous devrions dévaler et remonter les escaliers sur trois étages, bébé sous le bras.
On s’est réveillé en 2021, début trentaine, avec ce gros point d’interrogation : comment ça se passe, donc, l’achat d’une maison? Est-ce qu’on a les moyens?
Avant d’entamer la recherche, nous n’avions jamais pris le temps de nous renseigner sur le processus d’acquisition d’une maison. Pour être honnête avec vous, avec ce que j’ai entendu toute ma vie adulte à propos du fait que ma génération ne pourrait jamais acheter de maison ni prendre sa retraite avant 95 ans, j’ai tout simplement assumé que je ne pouvais pas me payer de maison de mon vivant. Donc pendant toute notre vingtaine, mon mari et moi avons vécu en appartement, en étant assez économes – sans nous priver, mais sans vraiment penser qu’on pourrait acheter une propriété ou investir notre argent. En un mot : on ne pensait pas trop à « demain », et louer n’était pas un problème.
Mais avec un bébé et la pandémie, notre situation avait pas mal changé! Ce qui fait qu’on s’est réveillé en 2021, début trentaine, avec ce gros point d’interrogation : comment ça se passe, donc, l’achat d’une maison? Est-ce qu’on a les moyens? Ça prend quoi, à part une mise de fonds?
Voici les étapes qu’on a suivi.
1. On a demandé de l’aide et posé des questions
On a commencé par poser des questions à notre entourage, qui nous a rassurés et nous a fait mettre en perspective des aspects qui nous faisaient peur. Par exemple, en discutant avec une amie, j’ai réalisé que j’avais épargné l’équivalent de ce qu’elle avait mis pour sa mise de fonds. En parlant à nos familles, on a réalisé qu’on pourrait compter sur leur soutien au besoin, pour aider avec la taxe de bienvenue par exemple.
Par contre, à cause de la COVID-19, le marché immobilier était déjà vraiment très chamboulé depuis plusieurs mois. En janvier 2021, on voyait sortir énormément d’articles sur la hausse du prix des maisons et sur la frénésie des surenchères. On était donc très inquiets, se demandant s’il valait mieux attendre que cette bulle se calme. On a quand même décidé de tâter le terrain, car étant en congé maternité, le moment était vraiment propice à toutes les exigences de cette recherche. Notre idéal était qu’on puisse s’établir dans notre nouveau milieu avant que je retourne au travail (et aussi pouvoir trouver une garderie, mais ceci est une autre histoire).
2. On a fait notre liste de must et de nos priorités
On a écrit sur un papier notre budget, nos besoins, nos priorités, selon le mode de vie qu’on voulait.
- Budget : 300 000 – 350 000 $;
- Priorité : certains quartiers de Laval (où est ma famille), moins de 1h15 du centre-ville en transports en commun de Montréal (où je travaille);
- Minimum 3 chambres ou possibilité d’en aménager 3;
- Cour avec du gazon pour le bambino;
- Maison détachée ou jumelée;
- Nice to have mais pas obligé : un beau bain séparé de la douche, sous-sol fini, thermopompe;
- Pas une priorité, mais pas un refus : piscine, spa/jacuzzi, foyer/cheminée, garage;
- On ne veut pas : condo, maison mobile, près d’une rivière, axe routier, rénos majeures, certains quartiers de Laval.
Notre liste semblait très raisonnable à l’époque, considérant le prix que mes parents m’ont donné pour leur maison située à Laval, et qui était mon standard. Pouvez-vous deviner quelles concessions on a dû faire, considérant la situation extrême du marché immobilier en 2021? Je vous révèle ça à la fin!
3. On a contacté un agent immobilier
Une amie m’a référé l’agent immobilier avec qui elle avait une bonne expérience. Comme on ne savait pas du tout comment fonctionnait le processus, notre agent a pris le temps de nous expliquer comment tout se passait : la pré-approbation hypothécaire, la recherche, les visites, le dépôt d’une offre d’achat, l’inspection, le passage chez le notaire, la prise de possession…
Notre agent avait dans la même tranche d’âge que nous, avec également des enfants en bas âge. Je ne sais pas si c’est pour cette raison qu’il a très bien cerné nos besoins, mais on a senti qu’il travaillait vraiment pour nous aider, nous déconseillant même certaines propriétés qui n’étaient pas dans un assez bon quartier par rapport à nos besoins, qui avaient besoin de travaux majeurs ou qui avaient des vices pas si cachés (une belle maison affichées bas prix avait eu la culture de cannabis au sous-sol, par exemple).
C’est aussi notre agent qui nous a référé au cabinet de courtage hypothécaire, où un courtier a pris le temps de tout nous expliquer le processus d’emprunt, les différences de taux variable et taux fixe, la taxe de la SCHL puisque notre mise de fonds était de 10%, monter notre dossier financier, etc.
Avoir ces professionnels qui ont pris le temps de nous guider étape par étape a été un gros facteur stress en moins sur nos épaules.
4. On fait notre première visite…
Notre première visite a donc eu lieu dans une maison jumelée à Laval, affichée à 349 000 $. Elle répondait à plusieurs de nos critères et notre agent était confiant. Mais même avant de commencer la visite, on a appris qu’il y avait déjà 4 offres dessus et qu’elle était en surenchère.
Cette première visite a donné le ton à toutes les autres visites qu’on a faites par la suite : difficulté ou impossibilité à booker les visites tellement il y a d’acheteurs, visites en 15 minutes maximum (ce qui est ridicule quand on pense que c’est l’achat d’une vie!), annonce d’une quarantaine d’offres avant même de commencer la visite, devoir faire une offre en 3 jours, se voir arriver 10e dans la « course », maisons vendues sans inspections ou garanties légales. Toutes les maisons qu’on a visitées se vendaient entre 50 000$ et 100 000$ de plus que le prix demandé, soit dans les 400 000$ et plus!
Nous nous étions promis de ne pas embarquer dans la game de la surenchère. Même notre agent était abasourdi par ce marché jamais vu. Mais notre expérience a tout de même été de passer par là pour arriver à nos fins, malheureusement.
5. … et on a revu notre liste du tout au tout
Après des visites peu concluantes, nous avons révisé notre liste pour changer de stratégie. Même si la banque nous avait pré-autorisé un emprunt de 450 000$, on ne voulait absolument pas dépasser les 400 000$ pour le prêt, car on ne voulait pas être « house poor« , comme on dit en anglais. C’est-à-dire devoir rembourser une hypothèque et payer des taxes et frais de maintenance tellement élevés qu’il ne reste plus rien à la fin du mois pour payer les autres dépenses courantes ni épargner. Sachant donc que le phénomène de surenchère nous forcerait à dépasser notre limite du début, nous avons :
- Élargi notre aire de recherche sur la Rive-Nord. J’aurais vraiment voulu rester à Laval, mais c’était rendu hors de prix;
- Augmenté notre budget (et limite psychologique) jusqu’à 395 000$;
- Regardé les maisons qui étaient en dessous de 300 000$, pour se donner une chance de pouvoir accoter les enchères;
- Être ouvert à d’autres types de maisons, comme des maisons de ville;
- Être disponible à tout moment pour des visites en semaine (vive le télétravail et le congé maternité).
6. On a eu un coup de coeur… et surenchéri
Nous sommes chanceux d’être tombés sur notre maison coup de coeur après une dizaine de visites seulement, en 2 mois. J’ai une amie qui était en recherche depuis un an avant moi, qui a dû multiplier les visites, en plus de devoir écrire des lettres aux vendeurs pour se démarquer des autres acheteurs!
Après 2 offres refusées (ce qui est vraiment peu comparé aux autres témoignages que j’ai lu), on a eu un gros coup de coeur pour la maison. Et nous avons dû miser gros pour passer les premiers : environ 40% de plus que le prix demandé, ce qui est É-NORME. J’ai encore mal au coeur quand j’y pense! Surprenant : ce qui nous a démarqué pour les vendeurs, c’était qu’on était une petite famille cute (et désespérée j’imagine), et que leur courtière a aimé… mes cheveux. Je suis sure qu’amener mon mignon petit bébé de 5 mois à la visite a dû aider! En passant, la personne qu’on a battu de peu aux enchères était quelqu’un qui achetait sans inspection ni garanties, pour faire un flip.
Comme toutes les autres, notre offre dépassait de beaucoup la valeur de la maison. Nous sommes restés en dessous de notre budget final de 395 000$ seulement parce que nous avons visé une maison affichée sous 280 000$, mais qui n’était pas un taudis ou un champ de ruines. Et surtout elle était conditionnelle à la passation de l’inspection. Encore heureux…
7. On a fait inspecter
Cette inspection nous a fait capoter tellement l’inspecteur pointait du doigt tout ce qui clochait. On va se le dire, un rapport d’inspection, ça fait peur! Limite on était prêt de retirer notre offre tellement ça nous effrayait que telle prise électrique extérieure n’était pas conforme. C’est lors de cette inspection de 2h que nous avons vraiment pu regarder la maison comme il faut. On s’entend que ça coûte cher pour faire une visite en profondeur rendu là, et qu’on ne pouvait pas trop se permettre de faire ça 2-3 fois pour d’autres maisons. Il fallait donc vraiment se décider, si les enjeux soulevés étaient trop problématiques pour nous, ou si on allait de l’avant avec l’achat.
Comme il n’y avait pas d’enjeux structurels, pas de réno trop coûteuse avant quelques années (comme la toiture, le système d’aération) et que les propriétaires avaient quand même fait des améliorations de qualité à la maison, on a décidé de passer chez le notaire.
8. On a signé les papiers
Entre la visite et l’acceptation de l’offre en mars, la signature des papiers en avril et le déménagement en mai, tout s’es passé très vite! Quand on fait nos premières démarches en janvier, on pensait que le processus serait très long, qu’on ne trouverait pas avant plusieurs mois. C’était normal de penser ça, c’est ce qu’on lisait tous les jours dans les médias. Et ça a été le cas pour plusieurs personnes. Entre temps, on s’est quand même tapé des kilomètres de visites, des heures de travail manqué, des courriels à la tonnes, des heures à rafraichir les filtres sur Centris, demander 40 000 papiers pour être approuvés par la banque…
Je ne sais pas si on a eu de la chance, un bon courtier, jeté beaucoup d’argent par la fenêtre ou un peu des trois. Mais je sais que le couple de quinquagénaires qui nous a vendu cette maison a fait un très bon coup avec nous et qu’ils doivent anticiper une bien belle retraite!
9. Les concessions qu’on a dû faire
Au final on a fait pas mal de concessions en achetant cette maison.
- Budget : on a ajouté 50 000$ au budget initial (pour 400 000$ max). L’achat se situait presque dans cette fourchette.
- Priorité : on a dû aller dans une autre ville que Laval, mais proche sur la Rive-Nord. Là où le bat blesse, c’est le transport en commun pour aller au travail, qui est maintenant 1h30-2h de trajet. Avec l’annonce du retour au bureau en avril 2022, je panique un peu à l’idée de faire 3 à 4h de transport aller-retour pour aller travailler (conduire n’est pas encore une option).
- Nombre de pièces : j’ai eu mes trois chambres, mais le sous-sol est très petit.
- Cour avec gazon : la cour n’a pas de gazon mais est bien aménagée et donne direct sur un parc très privé!
- Maison détachée ou jumelée : j’ai fini dans une maison en rangée, donc 2 voisins collés chaque côté. J’ai appris ce qu’était une servitude de vue…
Pour le reste, je n’ai pas fini avec ma salle de bain de rêve, mais on se ramasse avec un spa dont on ne veut pas vraiment. Et même si la maison a un joli cachet, plusieurs rénovations pas minimes sont à faire, dont changer les fenêtres, moderniser la salle de bain, faire les comptoirs de cuisine… Oui c’était une maison clé en main, mais il lui faudra quand même de l’amour au fil du temps. Et surtout, ce n’est pas ma forever home. J’ai dû me rendre à l’évidence qu’un jour ma situation risque de changer assez pour qu’on doive déménager dans plus grand. Et je n’aime pas particulièrement déménager.
10. Était-ce une bonne décision financière?
Jusqu’à présent, la décision se tient, parce que le marché immobilier continue de grimper, les maisons en vente se raréfient, et même si les taux d’intérêt montent, on reste encore dans notre budget. Ce dont on a le plus peur, c’est bien sûr de ne pas faire de profit en revendant et d’y perdre au change, mais on a aucune idée du type de marché qu’on aura dans disons, 10 ans, quand on serait peut-être rendu là. Rien ne sert de spéculer… mais ce que l’expérience m’a appris c’est qu’au point où on est rendu, tout est juste plus cher.
Donc d’un côté, oui on va sûrement revendre cher, mais on va aussi devoir racheter cher. D’où ma sensibilisation à faire plus attention à mes finances, comprendre certains concepts, faire fructifier mon argent, avoir un objectif clair, mesurable et réalisable. Parce que dans 10 ans je ne veux pas me réveiller soudainement en me demandant « Comment on vend ça donc, une maison? »
1 commentaire
Merci beaucoup pour ton partage sur ton expérience dans l’acquisition de ta maison.
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