L’effervescence du «mouvement» du retour aux cheveux naturel a mis en lumière un phénomène qui n’est pas nouveau, mais qui gagne en popularité : le marché des produits capillaires artisanaux et faits à la main. Je m’aperçois que depuis quelques années, les shampoings, revitalisants, laits capillaires, crèmes coiffantes et gels dédiés aux cheveux naturels pullulent sur le marché, étiquetés par de jeunes compagnies désireuses de combler un manque auprès d’une clientèle avide. Comme moi, peut-être avez-vous même pensé vous lancer!
Quoi qu’il en soit, les grandes gagnantes de ce boom, c’est nous : les consommatrices, qui avons beaucoup plus de choix adaptés à nos besoins, mais aussi les entrepreneurs qui se lancent. On pense de plus en plus à acheter local et vert, et davantage à soutenir les PME dirigées par des gens issus de nos communautés, ou du moins de nos communautés d’idées. Cependant, il ne faut pas s’aveugler et tout acheter les yeux fermés : les cosmétiques artisanaux, oui, mais pas dans n’importe quelles conditions.
J’ai souvent passé de longues minutes à déchiffrer la liste des ingrédients des produits en pharmacie pour déterminer s’ils me conviennent ou pas. Pourtant, je suis souvent plus encline à acheter un produit dit fait à la main, sans me renseigner sur son origine ou ses conditions de fabrication. Comment savoir si ce que j’achète est fiable? J’ai décidé de mener ma petite enquête, afin de me créer un guide d’achat pour l’avenir.
Les produits sont-ils conformes à la loi?
Selon la loi canadienne encadrant les cosmétiques vendus au pays, ceux-ci « doivent être sécuritaires et ne présenter aucun risque pour la santé ». Les fabricants et importateurs de produits cosmétiques sont tenus de fournir une déclaration à Santé Canada dans les 10 jours après leur mise en marché. Un produit non déclaré pourrait être interdit d’entrée ou de vente au Canada. Par ailleurs, le processus de déclaration est assez simple et se fait en ligne1.
Avant tout, les règles encadrant la fabrication de produits cosmétiques artisanaux et naturels priorisent l’hygiène:
L’article 16 de la Loi sur les aliments et drogues interdit la vente de cosmétiques fabriqués, préparés, conservés, emballés ou emmagasinés pour la vente dans des conditions non hygiéniques, susceptibles de nuire à la santé de l’usager, ou qui sont composé d’une substance malpropre ou décomposée ou d’une matière étrangère. L’article 18 de la Loi interdit de fabriquer, préparer, conserver, emballer et emmagasiner un produit cosmétique dans des conditions non hygiéniques avec l’intention d’en faire la vente. Au sens de la Loi, « non hygiéniques » signifie toutes « conditions ou circonstances de nature à contaminer des aliments, drogues ou cosmétiques par le contact de choses malpropres, ou à les rendre nuisibles à la santé ». Pour favoriser le respect de ces exigences d’innocuité et de qualité, Santé Canada invite tous les fabricants de cosmétiques à adopter les Bonnes pratiques de fabrication.
– Bonnes pratiques de fabrication (BPF) des cosmétiques, Santé Canada
Ainsi, les bonnes pratiques de fabrication concernent la propreté du lieu de fabrication, de l’équipement adéquat et entretenu, du de la formation du personnel, de la qualité des matières premières, des procédures de fabrication et de contrôle, des contrôles en laboratoires, de l’établissement de dossiers sur les produits, de l’étiquetage, etc.
Je crois que ça vaut la peine de demander aux fabricants de produits si leurs petits pots jouent dans les règles. Après tout, si la personne qui nous les vend n’est même pas au courant qu’elle doit se conformer à cette loi ou, cela peut témoigner d’un manque de sérieux et de rigueur. Connaître les conditions de fabrication de son produit est important avant l’achat. Sans entrer dans les détails, vous pouvez poser ce genre de questions à votre fournisseur: quelle est la provenance de ses ingrédients? Où les produits sont-ils fabriqués (en laboratoire? dans une cuisine?) Comment les produits ont-ils été testés? etc.
Les formations ne sont pas obligatoires pour devenir un fabricant de produits cosmétiques. Mais à bien y penser, cela me paraît crucial. Il m’est déjà arrivé de concocter mes propres cosmétiques maison pour les offrir à ma famille : mes huiles et poudres préférées mélangées pour faire des masques revigorants, exfoliants, le tout emballé dans de jolis petits pots. Je n’ai qu’une connaissance empirique de la fabrication de produits cosmétiques, ce que j’ai lu sur Internet ou dans des livres… mais qui n’aime pas offrir ou recevoir des cadeaux faits à la main?
Mais la différence entre offrir des produits faits dans ma cuisine en cadeau à des proches, et les commercialiser à petite ou grande échelle est importante. Une formation de base en cosmétologie ou fabrication de produits cosmétiques auprès d’une entreprise reconnue est un atout appréciable et avouons-le, rassurant. Je m’aperçois qu’il y a peu d’écoles ou de formations scientifiques sur cette matière. Néanmoins il existe des cours avancés sur les huiles et leurs propriétés, les vertus des plantes médicinales, la fabrication de savons, de maquillage et de produits corporels, dispensés par professeurs ayant des bagages scientifiques.
Et les mentions «pur, naturel, bio, écolo» ?
C’est l’attrait principal des produits faits à la main : ils nous assurent d’être 100% bios, purs, naturels, etc. Selon Châtelaine, tous ces termes ne sont pas synonymes. Par exemple:
– Biologique: l’ingrédient est issu de l’agriculture biologique (pas d’OGM, d’engrais ou de pesticides)
– Naturel: c’est un terme qui englobe bien des choses et qui est un peu traitre! Il veut dire que l’ingrédient provient de la nature, donc ce n’est pas un ingrédient synthétique. Mais bien des choses dangereuses proviennent de la nature…
Les certifications, comme la certification canadienne GarantieBio-Ecocert ou le USDA Organic aux USA, servent à contrôler ces étiquettes qui affichent bio. Autrement dit, elles sont des garanties que les produits contiennent des ingrédients qui correspondent à la norme établie en la matière, car les compagnies doivent fournir une preuve pour obtenir les sceaux officiels. Si c’est important pour vous, ça vaut donc la peine de vérifier si un fabriquant qui affiche bio, écolo, ou même équitable, a fait les démarches pour obtenir la certification nécessaire.
Au final, ce qu’il est important de retenir, c’est qu’en tant que consommatrices avisées, nous ne pouvons pas, d’un côté, passer au peigne fin la liste des ingrédients d’un produit X parce qu’il est «industriel» et fermer les yeux sur un autre produit parce qu’il est fait à la main ou de façon artisanale, surtout si nous payons le plein prix et nous nous fions sur une étiquette. Il faut garder les yeux grand ouverts, et l’esprit davantage.
Sources