Si vous habitez au Québec et suivez un peu les actualités autour de la communauté noire de Montréal, vous avez probablement entendu parler de Dorothy Alexandre. Cette pétillante jeune femme d’origine haïtienne porte plusieurs chapeaux, dont ceux de journaliste, productrice et animatrice de radio, et conférencière. Elle rayonne et inspire par son travail engagé et ses multiples projets. Et si vous ne la connaissez pas encore, passez faire un tour sur son site pour connaître ses réalisations.
Aujourd’hui elle nous parle de sa relation avec ses cheveux, au naturel bien entendu! Et on sait comme ce n’est pas toujours facile d’avoir ce type de cheveux quand on travaille devant la caméra ou qu’on a un horaire chargé!
RC: Comment étaient tes cheveux avant d’être « au naturel »?
Dorothy: Avant d’effectuer un retour au naturel, je défrisais mes cheveux aux 6 à 8 semaines, car mes cheveux poussent rapidement. J’ai toujours eu les cheveux longs. Je ne les arborais que très, très rarement attachés. Pour faire changement, il m’arrivait d’opter pour des coupes carrées. Mais a priori, j’admets que les ciseaux et moi n’étions pas les meilleurs amis du monde.
Dorothy: J’ai fait le saut au naturel la veille de mon anniversaire, au cours de l’été 2010. J’y pensais depuis quelques temps déjà. J’étais fatiguée d’être esclave d’un produit chimique. Afin de maintenir une chevelure droite et lustrée, je me rendais chez ma coiffeuse personnelle chaque semaine. Cette routine a duré 10 ans. Et qui dit chaleur, dit perte de volume avec les années. C’est toutefois une discussion avec ma nièce, alors âgée de trois ans, qui fut déterminante. En effet, elle tenait un paquet de rallonges dans ses mains, car ma mère s’apprêtait à lui mettre des tresses. J’ai alors tenté de l’en décourager, faisant valoir qu’elle était magnifique avec ses cheveux naturels tressés. Elle m’a alors répondu : «Je veux mes cheveux comme tatie (ma tante)» – pointant du même coup mes cheveux lisses. Ce fut un coup de poignard. J’ai pris ma décision finale à l’instant même, car je voulais prêcher par l’exemple.
RC: Quelles ont été les réactions de ton entourage suite à ce changement?
Dorothy: Les réactions dans mon entourage ont été mitigées. Ma mère a tout d’abord été sous le choc, car j’ai tout rasé du jour au lendemain (big chop). Je me suis rendue chez un ‘barbershop’; je n’avais guère la patience de passer à travers tout le processus de transition. Quant à mes amis (es), plusieurs m’ont félicitée pour mon acte de «bravoure», d’autres y ont trouvé une source de motivation pour procéder à ce changement également. Certaines personnes étaient tout simplement perplexes quant à ma décision, ce que j’ai respecté également. Finalement, mon choix n’a rendu personne de mon entourage indifférent, puisque mes cheveux longs et droits ont toujours fait partie intégrante de mon image, et ce, dès mon adolescence.
RC: Quelle est ta routine capillaire si tu en as une?
Dorothy: Je n’ai malheureusement aucune routine capillaire précise. J’avoue que je suis impressionnée lorsque je vois des femmes faire preuve de tant de créativité capillaire. Je lave mes cheveux une fois par semaine et effectue des co-wash deux à trois autres fois par semaine, car j’arbore souvent le look frisé (wash-and-go). Les styles que j’adopte se limitent à l’afro, le twist-out (et encore!) ou aux cheveux remontés et attachés une fois avoir fait ressortir mes boucles naturelles. J’hydrate beaucoup mes cheveux. Je devrais toutefois accorder une plus grande place aux traitements en profondeur dans ma routine capillaire. Somme toute, je compte bien recourir de nouveau aux services d’une coiffeuse personnelle spécialisée dans le soin des cheveux naturels.
RC: Peux-tu partager quelques bonnes adresses ou produits pour toutes les filles au naturel?
Dorothy: J’ai un coup de coeur pour le salon de coiffure InHAIRitance, situé sur le boulevard Notre-Dame Ouest, à Montréal. Les professionnelles de la coiffure qui y travaillent sont extrêmement douées.
Comme produits, j’utilise ceux-ci : le shampoing et le revitalisant de la gamme Blended Beauty, le revitalisant sans rinçage de Komaza, le beurre de karité, ainsi que les huiles d’olive, d’amande et de ricin (castor oil). L’eau, additionnée de jus d’aloès, demeure une recette gagnante pour mes cheveux quand vient le temps de les hydrater. Le gel Ecostyler est celui que j’utilise pour accentuer mes boucles naturelles.
RC: Quelle est ta perception de tes cheveux aujourd’hui? Et comment sont perçus tes cheveux dans ton cadre de travail (la télévision)?
Dorothy: Mes cheveux ont souvent été un sujet de conversation, car mes collègues étaient portés à vouloir les toucher, particulièrement lorsque j’arbore mon afro. Je reçois également beaucoup de compliments. Malheureusement, garder ses cheveux naturels demeure un couteau à deux tranchants dans cette industrie, où la chevelure lisse est la norme. C’est particulièrement le cas dans le métier de journaliste. Ce n’est que le reflet de notre société occidentale.
RC: Tu es un exemple de réussite pour bien des filles de notre communauté : quels conseils pourrais-tu donner à celles qui veulent percer dans le milieu où tu es?
Dorothy: Pour réussir dans l’univers des médias et des communications, il ne faut pas avoir peur de sortir des sentiers battus, d’assumer sa différence, de faire valoir son talent. N’attendez pas que l’on vous offre des opportunités sur un plateau d’argent. Ça n’arrivera point. Soyez visionnaires. Créez vos propres opportunités. Travaillez DEVANT et DERRIÈRE la caméra. Peaufinez votre art. Suivez des formations continues. Entourez-vous de mentors prêts à vous enseigner les rudiments du métier et accrochez-vous à des gens qui vous inspirent. Ça peut être en personne ou virtuellement. Avec la puissance des médias sociaux, on peut «étudier» le parcours d’une personnalité qui nous inspire en lisant sa biographie, en la suivant sur les médias sociaux, en écoutant ses diverses entrevues, etc. L’information est accessible. Il vous suffit de la trouver.
Faites rugir le géant qui sommeille en vous en ne faisant compétition qu’avec vous-mêmes. Ayez de hauts standards de réussite.
Mais ce qui compte avant tout, c’est que vous demeuriez authentiques. Il n’y a pas de recette spécifique au succès. Comme le dit si bien cet adage : ‘Plan your work and work your plan’.
Tout est une question de passion, de vision, de planification et de détermination.
Merci à Dorothy pour cette entrevue et ces mots réellement inspirants! On lui souhaite beaucoup de succès dans sa carrière. N’oubliez pas de visiter son site, dorothyalexandre.com pour en savoir davantage sur son travail.
Vous êtes avez les cheveux naturels? Ou vous êtes simplement passionnée par le soin de vos cheveux? Partagez avec toutes les visiteuses du blog vos bons conseils sur les cheveux crépus ou frisés. Contactez-moi pour les détails: nel@racinescrepues.com
5 commentaires
lol jadore ses cheveux mais aussi ses lunettes. dorothy tu les as achete ou? lol
Bonjour, merci beaucoup. Je les ai achetées il y a 3-4 ans déjà à la lunetterie Antoine Laoun, située en face du centre Eaton. La marque est Alain Mikli, l'une de mes marques de lunettes préférées.
Bravo pour tes cheveux et ta réussite professionnelle. Continue dans cette lancée exemplaire!
Merci beaucoup Durcyne!
Bravo Dorothy. Je suis aussi haitienne et ca ete un plaisir de te decouvrir. Je serai a Montreal dans les jours a venir, on pourrait se rencontrer.
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