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Paola Mathe, c’est une amoureuse de New York. Une fille qui se cherchait, à son arrivée dans la «Grande Pomme». Une fille qui s’est trouvée avec succès, et qui du même coup, a tracé son chemin depuis Haïti vers plusieurs villes des Amériques, en laissant derrière elle une trace vibrante de couleurs. Vous connaissez peut-être son blog très populaire, Finding Paola. Aujourd’hui, c’est sa boutique en ligne de foulards et d’accessoires Fanm Djanm, qui la mène jusqu’au sommet.
Fanm Djanm signifie « femme forte » en créole haïtien, un épithète que bien des femmes souhaiteraient revêtir, ou portent déjà avec fierté. Pas étonnant que le salon-boutique InHairitance soit plein à craquer ce samedi soir, où Paola, en visite à Montréal pour le pop-up shop de Coloré Design, est invitée à rencontrer son public pour un atelier d’attaché de foulards. Elle avait également donné, plus tôt au cours de la journée, un atelier sur son entreprise et ses défis.
C’est avec bonheur que j’ai eu l’occasion de lui poser quelques questions.
Tu as écrit que tu étais une personne plutôt timide autrefois. Comment es-tu passée d’une personnalité réservée à une personnalité aussi colorée?
J’ai toujours été très colorée, même quand j’étais gênée de faire certaines choses. Après avoir passé à l’action, j’ai vu que ce n’était rien. Ma timidité se situait plutôt au niveau de la communication, dans la formulation de ma pensée, et je gardais beaucoup de choses à l’intérieur. Mais j’ai toujours eu ces couleurs et j’ai toujours été forte dans plusieurs aspects de ma vie.
Est-ce pour cela que tu as commencé ton blog, Finding Paola?
Quand j’ai déménagé seule à New York après l’université, je me suis dit « Ça y est, je suis là. Quelle est la prochaine étape? Que va-t-il arriver? » J’ai donc décidé de parler de choses que j’aimais et que je détestais de la ville. Et c’est là que je me suis trouvée moi-même. Finding Paola s’est révélé à moi, car je me demande tout le temps « Que suis-je en train de faire? Quel est mon but? En quoi est-ce que ça importe? ».
Aurais-tu démarré Fanm Djanm sans ton blog?
Probablement pas. Finding Paola m’a mise sur la carte. J’ai pu voir que les gens étaient intéressés, comme moi, à se retrouver eux-mêmes, ou à penser comme moi, ou à voir un reflet d’eux-mêmes dans ce que je faisais, et ça m’a donné plus de confiance en moi. Et si jamais je l’avais fait [démarrer la boutique sans le blog], ça n’aurait pas eu le même impact.
Quelle a été ta première expérience avec un foulard?
J’ai porté des foulards quand j’ai décidé d’arrêter de raidir mes cheveux. J’étais toujours complexée avec les cheveux droits et les extensions. Quand j’étais au secondaire, je me suis rasé les cheveux et les gens se moquaient de moi. C’est là que j’ai commencé à porter les foulards.
Qu’est-ce qui explique le succès de Fanm Djanm selon toi? Est-ce parce que tu es le visage de Fanm Djanm?
Je dirais que je travaille très fort, et quand les gens voient le résultat, ça les attire. Plus tôt, une fille m’a dit « Je n’achète pas seulement un foulard, j’achète aussi un mouvement ». Le succès vient aussi de ma constance, et le fait de créer des images que je veux moi-même voir, et qui vont plaire aux gens, mais qui ne me sont pas imposées. Et après la créativité et le marketing, il y a tout le reste : trouver les produits, la sous-traitance, les marges de profit, les prévisions…
Alors tu as toute une équipe avec toi?
Non, il n’y a que moi. J’ai deux personnes pour tenir la caisse, ainsi qu’une assistante pour les expéditions de colis, parce que si je suis en déplacement, il faut quelqu’un pour envoyer les commandes. Mais tout le reste… trouver les tissus, les idées, le côté créatif de toutes les petites choses, des cartes postales, des affiches, jusqu’au site internet, passe par moi.
Je suis impressionnée! J’aime particulièrement tes photos, surtout la dernière série où tu joues la super-héroïne.
Merci! J’ai toutes ces idées qui n’ont rien à voir avec les foulards. Tant que c’est le même message, qui dit « Nous sommes là! ».
Source : findingpaola.com |
D’ailleurs je les ai vues avant de me couper les cheveux récemment, et ces images de femmes aux cheveux ultra-courts m’ont aidé à chasser mes doutes.
C’était un signe! J’adore porter mes cheveux courts. La seule chose qui me manque des cheveux plus longs, ce sont les bantu-knots, non pas pour faire un bantu-knot out, mais juste pour les porter ainsi. Ce n’était pas très populaire avant. Les gens se moquaient en disant : « Pourquoi veux-tu avoir l’air d’une esclave? » Aujourd’hui c’est revenu à la mode.
Oui, ils appellent ça des mini-buns…
Oui, les mêmes personnes qui me faisaient des commentaires négatifs il y a cinq ans me complimentent aujourd’hui. Je crois que les gens finissent par évoluer avec leur temps, car c’est la même chose pour les foulards. Avant, des gens dans ma famille me demandaient « Pourquoi fais-tu cela au juste? »
Quelle direction prendra Fanm Djanm?
Ça suit son cours. J’ai bien quelques plans… mais je m’occupe présentement de fortifier les bases. Vous verrez!
Et quelle est ta prochaine destination?
Il y en a quelques-unes : je veux terminer l’année avec Boston, peut-être Washington D.C. et l’année prochaine, Paris. Je fais ces voyages, non pas pour m’enrichir, mais pour avoir le temps de rencontrer mes clients. Ces voyages demandent beaucoup de temps et de planification et peuvent être épuisants. Pendant ce temps-là, à la maison, le travail continue! Mais quand je me mets à rencontrer les gens, je vois tout le fruit de mes efforts et je me dis que je dois continuer!
Et c’est mon plus grand souhait que Paola continue longtemps à nous inspirer. Son énergie et ses couleurs sont contagieuses! Et ça y est je me décide, je sors mes foulards même pour aller au bureau.
Pour suivre les aventures de Paola et celles de Fanm Djanm, suivez-là sur ses multiples réseaux.
Et vous, qu’est-ce qui vous inspire à être une Fanm Djanm?