Le mois de septembre ne rime plus avec rentrée scolaire pour moi depuis quelques années. Les études sont derrière moi même si je continue d’apprendre tous les jours. Je me suis quand même laissée rattrapée par la nostalgie des photos scolaires en essayant de trouver une idée de vidéo ou d’article thématique à faire pour la rentrée.
Ce que j’ai remarqué (parce que je suis obsédée par les cheveux, avouons-le), c’est mon évolution capillaire au fil des ans. Depuis l’enfance j’avais les cheveux très fournis, très « grenn » comme on dit en créole et ça me valait des coups de peigne rudes qui me faisaient pleurer.
Je me suis rappelée que pour moi, ces cheveux très crépus étaient seulement l’affaire d’enfants. Les femmes adultes de mon entourage n’avaient pas de tels cheveux. Mère, tantes, voisines, profs : elles avaient toutes les cheveux plus ou moins lisses. Pourtant, j’ai grandi en Haïti… Le défrisant était roi. Je ne savais tout simplement pas qu’il était possible d’avoir des cheveux crépus quand on était adulte. Afro? J’avais seulement vu ma grand-mère avec un tout petit afro, et encore là, je n’avais pas compris ce dont il s’agissait.
Plus tard à l’adolescence, quand je fus enfin assez mûre pour le défrisage, j’étais aux anges. Vraiment, la première séance à 12 ans a été pour moi tellement… grandiose! Enfin j’avais ces cheveux lisses tant désirés! Malgré les brûlures, je supportais cette session de torture capillaire dans le but d’être comme toutes les autres. Surtout que maintenant j’étais entourée de gens aux cheveux lisses, à l’école secondaire québécoise.
Je me souviens avoir pensé que les femmes noires ne pouvaient pas avoir les cheveux plus longs que leurs épaules. Pourquoi? Parce que d’autres filles noires de mon âge m’en avaient convaincu. Elles étaient très perplexes devant mes propres cheveux, qui étaient toujours aussi fournis et m’arrivaient au milieu du dos. J’ai fini par croire, moi aussi, que c’était tout à fait inhabituel pour une Noire, qui n’est pas métissée d’une quelconque façon, d’avoir les cheveux longs, et même impossible de les avoir très longs. D’autant plus que vers la fin de l’adolescence, le défrisage à long terme a eu son effet : mes cheveux étaient hyper cassants et très fins. Adieu, la longue chevelure fournie.
Finalement, mon retour au naturel a été fait de doutes, de larmes, de frustration. Là encore, certaines personnes voulaient me convaincre que je n’avais pas le bon type de cheveux pour qu’ils soient naturellement beaux, me faisaient douter qu’ils pousseraient… mais heureusement tous ces sentiments négatifs ont été vite supplantés par la joie que j’éprouvais à redécouvrir mes vrais cheveux et à aider d’autres à faire de même. Surtout, j’étais libérée d’un poids énorme : avoir me fondre dans un moule en détruisant à répétition une partie de moi-même qui n’avait jamais fait de mal à personne.
En regardant dans le passé, j’aurais aimé dire à mon moi de 6, 10, 12, 16, 20 ans que oui, les cheveux crépus sont beaux, ne font pas souffrir et peuvent atteindre une belle longueur si on en prend soin. J’aurais aimé me dire que je n’ai pas besoin de défrisant, de tresses, de perruques, de greffes et d’extensions. Mes propres cheveux suffisent. Qu’ils sont parfaits tels qu’ils sont, si je m’en occupe comme il faut.
Alors je le dis maintenant à toutes celles qui croient encore que leurs cheveux ne sont pas assez bien, pas assez bons, et ne le seront jamais. J’ai cru tous ces mythes parce que je n’avais pas d’exemple autour de moi de ce qu’était une chevelure en santé et bien traitée. Mais l’école de la vie m’a appris que la seule barrière qui nous empêche d’atteindre tout potentiel, c’est nous. Osons nous accepter et détruisons les mythes.
Quel potentiel pourraient atteindre vos cheveux si vous vous en occupiez vraiment?
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